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Les mystères entourant l’enterrement du terrible Jean Fochivé il ya 26 ans

Fochivé ! Rien qu’à entendre ce nom, les cœurs tremblaient. Il était le gardien redouté de l’histoire du Cameroun, doté d’une vigilance sans faille. Son regard pénétrant inspirait une terreur glaçante. Reconnu pour ses méthodes de torture singulières, il dominait la police politique camerounaise depuis l’aube de l’indépendance. On lui prêtait même des pouvoirs surnaturels.

Né en 1931 et décédé en 1997, la mort et les funérailles de Fochivé furent entourées de mystères captivants. Le jour de son décès, une terrible tornade balaya la ville de Yaoundé, déchirant les toits et pliant les arbres. Une simple coïncidence, peut-être ? Son inhumation fut également marquée par des événements étranges. Alors que le cortège funèbre, en provenance de Yaoundé, se dirigeait vers Foumban le vendredi 25 avril 1997, des scènes surréalistes se déroulèrent.

Dès Foumbot, la foule fuyait, cherchant refuge dans les maisons et les champs à l’approche du cortège funèbre. On racontait alors que l’esprit de Fochivé ne voulait pas partir seul ; il souhaitait emmener plusieurs personnes avec lui. A l’arrivée de la dépouille au carrefour de Foumban, inexplicablement, l’un des hauts murs entourant le palais royal s’effondra. Pour les notables bamoun qui échangeaient avec le Sultan à ce moment précis, cet événement insolite ne pouvait être fortuit. Surtout que le mur s’effondra du côté où se trouvait le salon d’accueil du Sultan, où le roi et ses notables attendaient la dépouille du « père Foch ».

Le samedi 26 avril, conformément à la tradition, la dépouille de Fochivé fut présentée dans la cour familiale, entourée d’une foule nombreuse : villageois, policiers, membres de la famille, autorités traditionnelles et administratives, parmi lesquels Ahmadou Mustapha (ministre de l’urbanisme et de l’habitat), Gilbert Andzé Tsoungui (ministre de l’administration territoriale), Augustin Kontchou Koumegni (ministre de la communication), Francis Kwain (ministre délégué aux Relations extérieures), Simon Achidi Achu (ancien premier ministre), Tchouta Moussa (DG de l’office national des ports du Cameroun), Niat Njifendji (DG de la SONEL), Joseph Kadji, Fotso Victor, et bien d’autres.

Alors que le frère de Fochivé se levait pour prononcer son discours et entamer la série d’allocutions prévues par le programme des funérailles, un événement mystérieux se produisit. Un immense vacarme retentit, rappelant le vrombissement d’un avion invisible. Le vacarme devint progressivement intense, insoutenable, se rapprochant de la foule. La panique générale s’ensuivit et la foule se leva en hurlant, se dispersant dans toutes les directions. Certains policiers, pris de frayeur, abandonnèrent leurs armes sur place. Des bousculades éclatèrent, causant plusieurs blessés.

Ce vacarme étrange se dirigea vers le domicile de Moise Mouiche, le successeur de Fochivé à la tête de la police, terrorisant sa famille et les voisins pendant de longues minutes. Ce n’est qu’après l’intervention énergique des vieux sages bamoun que le tumulte prit fin. Mais que se passait-il ? Les vieux sages bamoun témoins de cette scène affirmèrent que c’était le « totem » de Jean Fochivé lui-même qui venait régler ses comptes avec le sultan Bamoun (expliquant ainsi l’effondrement inattendu de la clôture) ainsi qu’avec son ancien collègue et rival Moise Mouiche. À l’époque d’Ahidjo, une réunion au sommet avait d’ailleurs été organisée pour rétablir l’ordre et ramener la paix entre les deux hommes.

Une fois le calme revenu, la cérémonie funèbre put se poursuivre et Fochivé fut enfin enterré. Mais dès que son corps fut mis en terre, une pluie torrentielle accompagnée d’un vent violent s’abattit sur la ville.

Les événements extraordinaires qui entourèrent les funérailles de Fochivé resteront à jamais gravés dans les mémoires de ceux qui y assistèrent, évoquant les légendes traditionnelles bamoun. Nous relatons ici des faits réellement survenus ; chacun peut les interpréter à sa manière. Quoi qu’il en soit, l’histoire de ce redoutable homme, digne d’une véritable légende, restera à jamais inscrite dans les annales du Cameroun.

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